Phnom Penh

Dès notre retour le jeudi 27 octobre nous nous rendons à Tuol Sleng, le Musée du Crime Génocidaire. Cet ensemble de bâtiments lugubres était à l'origine un lycée, construit par les Français, qui dès avril 1975 est utilisé à de toutes autres fins, bien plus tragiques. Le lycée Tuol Sleng devient l'une des prisons sordides des Khmers rouges, baptisé S-21 par les hommes de Pol Pot. Durant près de 4 ans, 15000 personnes passent entre ces murs, hommes, femmes et enfants (les Khmers rouges décimaient des familles entières pour éviter toute forme de vengeance dans le futur), subissant des tortures atroces pendant plusieurs mois avant d'être sauvagement achevées dans le camp d'extermination de Choeung Ek, situé à quelques kilomètres de la capitale. Malheureusement, des endroits comme celui-ci il y en a eu beaucoup d'autre dans le pays sous le régime Pol Pot, l'accessibilité de Tuol Sleng, en pleine capitale, l'a rendu tristement emblématique et est aujourd'hui devenu un mémorial de cette tragique période.

Dès l'entrée l'atmosphère est sombre et lourde, les murs extérieurs évoquent déjà la tristesse des horreurs commises en leur sein. Les cellules d'interrogatoire se succèdent. Au milieu de chacune d'elle un lit en fer, usé par le temps et les sévices que l'on devine par ces tâches sombres autour du lit, sur le sol carrelé de tomettes. Sur les murs jaunes et défraîchis, une photo de chaque cellule le jour où le pays a été libéré des Khmers rouges, 14 corps ont été retrouvés dans l'enceinte de la prison, les derniers a avoir succombé sous la torture de leurs bourreaux. 

Nous traversons ensuite une série de cellules de prisonniers, certaines sont collectives, au sol des numéros et des chaines, d'autres sont individuelles, construites en bois ou en briques dont l'espace est à peine suffisant pour s'allonger. Puis une série de photos d'une partie des victimes qui sont passées par S-21. La visite est poignante. 






Même si nous connaissons les grandes lignes de l'histoire, se retrouver en ces lieux et se rendre compte de l'absurdité et la cruauté de l'homme a de quoi laisser silencieux. Encore plus qu'ailleurs cette tranche de l'Histoire nous touche particulièrement puisque d'une manière ou d'une autre elle a un jour touché nos familles, proches ou éloignées.

Le lendemain, dans une ambiance plus joyeuse nous nous rendons au marché russe, l'heure des dernières (ou premières) amplettes, il est déjà l'heure des re-premières séparations, la grande soeur de Raksa s'envole pour la France cet après-midi.

Deux jours après avoir visité la prison S-21 nous nous rendons sur le site de Choeung Ek, le camp d'extermination où les prisonniers de S-21 étaient abattus et enterrés. Plus qu'un lieu à visiter c'est un lieu de recueillement, un stupa a été érigé à la mémoire des victimes, contenant une partie des ossements retrouvés dans les centaines de fosses qui constituent le site. Si nous avons tenu à détailler ces visites c'est que cela nous a touché et qu'il faut que les gens sachent et se rappelent pour que l'Histoire, aussi cruelle soit elle, ne soit mise de côté ou oubliée.

Le soir nous nous retrouvons sur le quai Sisowath, QG des touristes où les enfants déambulent, nonchalamment et les yeux vides, de café en café pour vendre cartes postales, DVD, livres, etc. C'est l'anniversaire du roi dans quelques jours, du coup nous avons droit à un feu d'artifices (et ce pendant 3 jours).

Dimanche 30 octobre c'est au tour de la maman de Prisca de nous quitter, quelques pleurs en bonne et dûe forme à l'aéroport, quelques recommandations et des aurevoirs, encore...

Nous avons passé les 5 derniers jours à Phnom Penh à visiter tranquillement la ville, à buller, à faire notre visa pour le Laos, à squatter le City Mall pour le wifi (mais aussi le Lucky Burger et le LuckCafé miam!), à faire une séance photo typiquement Cambodgienne (faudra attendre notre retour pour les photos, elles sont rentrées en France avant qu'on les ai entre les mains) à profiter des moments en famille aussi. 


En images et en vrac ça donne ça...

Tuktuk by night

Wat Phnom

Vielles bâtisses coloniales

Marché

... et ses fruits

Barque sur le Bassac depuis le quai Sisowath

Le musée national

Le palais royal

Peinture du palais royal

Le dernier jour nous partons tous ensemble sur Koh Dach, l'île de la soie, en tuktuk. Cette île, située à une quinzaine de kilomètres de la capitale et une traversée en ferry, est principalement habitée par des tisserands dont les produits sont ensuite vendus sur les marchés de la ville. Nous sommes ici en pleine campagne, il y règne une toute autre atmosphère, nous sommes sous le charme. 

Samedi 5 novembre c'est l'heure de quitter Phnom Penh. Nos corps s'en vont mais nos coeurs ont beaucoup de mal, même si nous savons que le temps passe vite et que nous nous quittons pour mieux se retrouver, c'est tout aussi dur qu'il y a 8 mois. Et pour que le supplice soit plus long nous nous séparons par petit groupe, aujourd'hui nous quittons la petite soeur de Raksa, son mari (ben oui on peut dire ça non?!) et notre petit neveu qui a déjà bien trop grandi (d'ailleurs faudrait lui dire de s'arrêter un peu pendant les 4 mois restants siou plait!). Les parents de Raksa nous acompagnent vers notre prochaine destination avant de quitter définitivement le pays pour le Laos.

Vous l'aurez compris, Phnom Penh a été notre point de chute au Cambodge. C'est aussi la seule ville où nous sommes restés si longtemps de tout le voyage. 11 jours au total, un record qui fait du bien à notre rythme.

INFOS PRATIQUES :

- l'ambassage du Laos délivre des visas en 24h pour $35 (prévoir 3 photos d'identité) et ils n'acceptent pas les billets de $100... mais il est maintenant possible de l'obtenir au poste frontière Cambodge/Laos, du moins à ce jour mais pour plus cher semble-t-il